ACV dynamique : le choix d’une méthode décriée

Alors que l’entrée en vigueur de la RE 2020 approche (1er janvier 2022 à la date de cet article), la méthode de l’ACV dynamique retenue par le gouvernement pour mesurer l’impact carbone des matériaux de construction fait toujours débat. Fédérations, syndicats et industriels du bâtiment s’opposent à cette méthode. Pourquoi ? Explications.

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1. L’ACV, qu’est ce que c’est ?

L’ACV, ou Analyse du Cycle de Vie, est une méthode permettant de mesurer les impacts environnementaux de produits. Cette analyse prend en compte toutes les étapes du cycle de vie, de l’extraction des matières premières à la fin de vie, pour quantifier les flux d’énergie et de matière et évaluer leurs impacts sur l’environnement.

Épuisement des ressources naturelles, consommations énergétiques, rejets et production de déchets sont autant de paramètres quantifiés dans l’ACV d’un produit et retranscrits dans sa FDES (Fiche de Déclaration Environnementale et Sanitaire).

ACV et FDES sont encadrées par un cadre normatif européen : la norme ISO 14067 pour l’ACV et la norme NF EN 15804 pour les FDES. Ces normes se basent sur l’ACV dite « statique » : toutes les étapes du cycle de vie ont le même poids dans la mesure des impacts environnementaux. Cette méthode est celle employée aujourd’hui en Europe pour tous les matériaux de construction.

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Le cycle de vie du PSE, tel que pris en compte dans les FDES.

Les différentes étapes du cycle de vie, analysées dans l’ACV et retranscrites dans les FDES, dressent un inventaire des flux « du berceau à la tombe ».

2. Expérimentation E+C- : la genèse

Fin 2016, le gouvernement lançait l’expérimentation E+C- et le label Bâtiments à Énergie Positive et Réduction Carbone. Cette expérimentation, censée préfigurer la RE 2020, devait servir de phase de test pour valider les indicateurs et modes de calcul, permettant à toute la filière bâtiment de monter en compétences.

Introduisant, entre autres, l’indicateur des émissions de gaz à effet de serre des produits de construction (Eges PCE), le label E+C- a fourni une base de travail pour l’ensemble des acteurs de la construction pendant 4 ans. Ces 4 années ont permis au label de faire ses preuves et d’être adopté par toute la filière, en se basant notamment sur l’ACV « statique » pour mesurer l’impact carbone.

Un choix cohérent avec les normes européennes et internationales qui rend d’autant plus surprenant le revirement opéré par le gouvernement fin 2020.

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3. RE 2020 : le choix de l’ACV dynamique

Fin 2020, les ministres Barbara Pompili et Emmanuelle Wargon précisaient les contours de la nouvelle réglementation environnementale, avec une surprise de taille : la prise en compte de l’ACV dynamique pour mesurer l’impact carbone des bâtiments.

Pour mieux comprendre l’impact de ce changement, penchons-nous sur cette méthode d’analyse du cycle de vie. L’ACV dynamique n’affecte pas le même poids aux émissions de CO2 selon la période du cycle de vie : elle donne plus d’importance aux émissions produites en début de cycle de vie (production) qu’en fin de vie. Cette pondération progressive pénalise fortement les matériaux dont les émissions ont lieu à la fabrication et privilégie ouvertement les matériaux biosourcés et le bois.

Ces derniers, qui absorbent du CO2 en début de leur cycle de vie (on parle de carbone biogénique) ne vont le rejeter qu’en fin de vie.

Si la méthode d’ACV statique donnait déjà un avantage logique à ces matériaux, l’ACV dynamique fait craindre l’abandon pur et simple de certains modes constructifs pourtant maîtrisés, performants et économiquement viables.

4. Un choix, quelles conséquences ?

Tout d’abord, on peut évidemment regretter que la méthode d’ACV statique – normalisée, reconnue et utilisée – n’ait pas été conservée de l’expérimentation E+C-. Bien que gouvernement ait annoncé qu’un travail de normalisation doive être entamé à l’échelle européenne, il a été confirmé que l’ACV dynamique serait quoi qu’il arrive utilisée dès 2022, et cela même sans norme publiée.

On peut également regretter la volonté politique affichée de privilégier les matériaux biosourcés et le bois, qui pourrait coûter cher à certaines filières qui investissent pourtant dans l’amélioration environnementale de leurs produits, avec des moyens conséquents. Se tourner vers le « tout bois » est un pari risqué à l’heure ou cette industrie peine à se structurer et offre peu de retour d’expérience.

Enfin, en minorant les émissions de gaz à effet de serre en fin de vie, l’ACV dynamique transfère aux générations futures la responsabilité de la gestion de ces émissions. Un choix pour le moins dérangeant d’un point de vue éthique.

Comme d’autres entreprises du bâtiment, HIRSCH Isolation a fait le choix de l’innovation pour accompagner la transition environnementale. Nous avons été les premiers industriels du polystyrène expansé à développer un isolant PSE à empreinte carbone améliorée, pour répondre au défi du réchauffement climatique et à l’arrivée de la RE 2020. La concurrence des matériaux biosourcés doit être saine et basée sur des règles valides, sans quoi elle n’est plus équitable.

 

En résumé : oui à la mixité des matériaux, à la flexibilité des modes constructifs et à l’innovation en faveur de l’environnement, non à l’application hâtive d’une réglementation ambitieuse mais favorisant certains matériaux.

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Chantier d'isolation intégrée des murs d'un établissement scolaire, réalisée avec le premier isolant en polystyrène expansé à empreinte carbone améliorée Graphipan® 31 ECA.

Sources :

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